PRESIDENTIELLE  



2012   SECOND TOUR


 


 

Le président de la république élu pour la prochaine mandature est :

FRANCOIS HOLLANDE

 

 

RESULTATS DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE : 2012

 

 

 

 

Résultats du 2ème Tour

 

Nombre

% Inscrits

% Votants

Inscrits

46 066 499

 

 

Abstentions

9 050 095

19,65

 

Votants

37 016 404

80,35

 

Blancs ou nuls

2 146 408

4,66 

5,80

Exprimés

34 869 996

75,69 

94,20

 

Liste des candidats

Voix

% Exprimés

M. François HOLLANDE

18 004 656

51,63

M. Nicolas SARKOZY

16 865 340

48,37

En raison des arrondis à la deuxième décimale, la somme des % exprimés peut ne pas être égale100,00% .
Source : Ministère de l’Intérieur

 

 

 

Résultats 1er Tour

 

Nombre

% Inscrits

% Votants

Inscrits

46 028 542

 

 

Abstentions

9 444 143

20,52

 

Votants

36 584 399

79,48

 

Blancs ou nuls

701 190

1,52 

1,92

Exprimés

35 883 209

77,96 

98,08

 

Liste des candidats

Voix

% Exprimés

Mme Eva JOLY

828 345

2,31

Mme Marine LE PEN

6 421 426

17,90

M. Nicolas SARKOZY

9 753 629

27,18

M. Jean-Luc MÉLENCHON

3 984 822

11,10

M. Philippe POUTOU

411 160

1,15

Mme Nathalie ARTHAUD

202 548

0,56

M. Jacques CHEMINADE

89 545

0,25

M. François BAYROU

3 275 122

9,13

M. Nicolas DUPONT-AIGNAN

643 907

1,79

M. François HOLLANDE

10 272 705

28,63

En raison des arrondis à la deuxième décimale, la somme des % exprimés peut ne pas être égale à 100,00% .

Source : Ministère de l’Intérieur







 

DECLARATION DE FRANCOIS BAYROU,

LE 03 MAI 2012

 

 

 

 

J’ai examiné depuis deux semaines l’évolution du deuxième tour de l’élection présidentielle, au travers de la lettre que j’ai adressée aux deux candidats, de leurs réponses, des interventions publiques et du débat d’hier soir (débat entre les deux finalistes, le 02 mai 2012).

 

Je l’ai fait au nom d’un courant politique qui a été soutenu au premier tour par plus de trois millions de Français. Au sein de ce courant politique, il est des sensibilités diverses, plus à droite, plus à gauche, très au centre. Et c’est naturel : le courant central du pays quand il est soumis au choix impitoyable de la bipolarisation est forcément divers.

 

Cette diversité, j’y tiens. Elle est notre nature propre. C’est pourquoi je ne donnerai pas de consigne de vote. Chacun de mes amis, chacun de mes électeurs s’exprimera en conscience. Je sais qu’il y aura des expressions différentes. Et je les respecterai.

 

Je veux donc vous dire mon jugement personnel.

 

Nicolas Sarkozy, après un bon score de premier tour, s’est livré à une course-poursuite à l’extrême droite dans laquelle, nous ne retrouvons pas nos valeurs, dans laquelle ce que nous croyons de plus profond et de plus précieux est bousculé et nié dans son principe. L’obsession de l’immigration dans un pays comme la France au point de présenter dans son clip de campagne un panneau « Douane » écrit en Français et en Arabe, qui ne voit à quels affrontements, à quels affrontements entre Français, cela mènera ? L’obsession des « frontières » à rétablir, comme si elles avaient totalement disparu et que nous y avions perdu notre âme, qui ne voit que cela conduit à la négation du projet européen auquel le centre et la droite autant que la gauche modérée, ont donné des décennies d’actions et de conviction ? Et quant à l’idée que l’école, ce devait être l’apprentissage des frontières, qui ne voit que c’est une déviation même de l’idée d’école, qui est faite au contraire pour que s’effacent les frontières entre les esprits, entre les consciences, entre les époque.

 

La ligne qui a ainsi choisi Nicolas Sarkozy entre les deux tours est violente, elle entre en contradiction avec les valeurs qui sont les nôtre, pas seulement les miennes, pas seulement celles du courant politique que je représente, mais aussi des valeurs du gaullisme, autant que celles de la droite républicaine et sociale.

 

Comment en est-on arrivé là ? Ce sera l’histoire de cette élection, de cette rupture au sein du peuple français, rupture qui vient de loin, rupture économique, sociale et morale.

 

Je ne veux pas voter blanc. Cela serait de l’indécision. Dans ces circonstances, l’indécision est impossible.

 

Reste le vote pour François Hollande. C’est le choix que je fais.

 

Il s’est prononcé, de manière claires, sur la moralisation de la vie publique dans notre pays. Il aura fort à faire.

 

J’ai dit ce que je pensais de son programme économique. Je ne partage pas ce programme. Je pense que ce programme est inadapté à la situation du pays et encore plus à la crise qui vient, que j’ai annoncée, je crois certaine.

 

Mais je pense que devant cette crise inéluctable il n’y aura qu’une attitude possible : une unité nationale qui réunira des femmes et des hommes venus d’horizons différents  pour permettre au pays de se ressaisir et même de se reconstruire.

 

Cette unité nationale, elle ne se réalisera jamais si chacun reste dans la logique des camps anciens, une opposition en embuscade contre une majorité dont le seul but est qu’elle se casse la figure. La situation de notre pays, et encore davantage la situation que notre pays va connaître est trop grave pour cela.

 

Je ne suis pas et ne deviendrai pas un homme de gauche. Je suis un homme du centre et j’entends le rester. Et je suis certain que le jour venu il faudra aussi qu’une partie de la droite républicaine soit associé à ce qu’il va falloir faire pour que la France s’en sorte.

 

Par mon choix, je rends possible pour la première fois depuis longtemps cette union nationale, la vraie mobilisation des Français au service de la France.

 

Il appartiendra à François Hollande s’il est élu, de réfléchir à la situation et de prendre en compte cette nécessité pour le pays.

 

S’il en reste à la gauche classique et à son programme, je serai un opposant dans une opposition vigilante et constructive. Il faudra une opposition constructive, mais déterminée, quand il s’agira d’empêcher les erreurs annoncées.

 

Il est des moments dans l’histoire où l’engagement devient vital. Je crois que le moment est venu de franchir des pas décisifs : nous devons tous, où que nous soyons, nous dépasser et nous rassembler pour que la France se reconstruise.

 

Je vous remercie.

 

 

François BAYROU

 


 

LETTRE DE FRANCOIS BAYROU  AUX DEUX CANDIDATS

(François HOLLANDE et Nicolas SARKOZY )

DU SECOND TOUR DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE DE 2012

 

 

 

 

LA FRANCE SOLIDAIRE   FRANCOIS BAYROU 

 


 

François Bayrou a adressé, mercredi 25 avril, une lettre aux candidats du deuxième tour de l'élection présidentielle. Découvrez son contenu.

 

"Vous participez au second tour de l’élection présidentielle. Il me paraît normal de vous rappeler ce qui a été essentiel pour les plus de trois millions d’électeurs qui m’ont apporté leur suffrage au premier tour.


Le premier élément crucial pour eux et pour moi aura été la vérité sur la situation du pays, la prise en compte de la réalité des faits.


Je ne crois nullement que la crise financière soit derrière nous. Je pense au contraire que la crise est devant nous, et qu’elle sera très dure. Je pense que les déficits, commerciaux et budgétaires, qui s’accumulent pour notre pays menacent à court terme notre modèle social et que la multiplication des promesses non financées aggravera encore ce risque.


Et parce que nous allons vivre ces moments difficiles, l’attitude personnelle des gouvernants comptera beaucoup. C’est une question de valeurs, personnelles autant que politiques. Depuis des années, c’est la violence des attitudes et des mots, la guerre d’un camp contre l’autre, la complaisance à l’égard des extrêmes qui caractérisent notre pays. Le refus de la violence perpétuelle dans la vie politique, les valeurs de respect des sensibilités différentes, la reconnaissance du pluralisme, la recherche de l’équilibre, sont la condition nécessaire à l’esprit d’unité nationale dont nous aurons besoin face à la crise.


C’est ainsi, et seulement ainsi, par la vérité et l’unité que la France pourra regarder en face les conditions de son redressement. Et d’abord de son redressement financier. Or la recherche de l’équilibre des finances publiques n’est obtenue dans vos deux projets que par l’affichage d’une croissance impossible à court terme. Je vous demande instamment de réfléchir à ce péril et d’envisager des mesures crédibles pour l’écarter s’il est encore temps.

 
Pour moi, la décision constitutionnelle, inscrite dans le traité européen, de renoncer pour l’avenir aux facilités du déficit, du moins en période de croissance, la « règle d’or », doit s’imposer à tous les pays qui ont l’euro en partage. Non pas pour faire plaisir aux « marchés », ou à « Bruxelles », mais parce que c’est le seul moyen d’éviter pour la
France et les Français, particulièrement pour les plus fragiles, la catastrophe sociale qui s’annonce.

 
La France s’est construite depuis la guerre autour du modèle social né du Conseil National de la Résistance. Nous y tenons, non pas comme à une tradition, mais comme à notre principale aspiration nationale. Nous le regardons non pas comme notre passé, mais comme notre avenir. Nous savons qu’il devra se réformer, mais dans la justice et la solidarité. Or c’est dans le concret de la vie de tous les jours que justice et solidarité risquent d’être menacées.


La sauvegarde de notre modèle social et de services publics impose de restaurer et de développer fortement notre appareil de production. La France est, Grande-Bretagne exceptée, le seul des grands pays européens qui connaisse l’effondrement de son commerce extérieur. Ce n’est pas viable. Pourtant, nous avons d’immenses marges de progression, et donc de création d’emplois durables, de ressources pour les familles.


C’est là que va se gagner ou se perdre le combat de notre avenir national, en particulier dans la recherche de stratégies nationales de production, filière par filière. Une évolution de la démocratie sociale dans l’entreprise est aussi un élément crucial de ce redressement. La représentation des salariés, avec droit de vote, au conseil d’administration des grandes entreprises, sera un signe déterminant en ce sens.


La crise de l’éducation en France est un enjeu du même ordre. La situation de l’école, notamment à l’école primaire et au collège, ne peut être acceptée. Des centaines de milliers d’enfants voient leur avenir barré faute de se voir garantir les acquis nécessaires, maîtrise de l’écrit, du chiffre, de la langue. Faute de consacrer à ces fondamentaux le temps scolaire indispensable, les inégalités sociales se perpétuent et s’aggravent dans cet échec. Ce combat national oblige à un nouveau contrat entre l’école et la nation, qui touchera à la question des pratiques, de l’organisation, du développement de l'alternance et de l’apprentissage, aussi bien que des moyens.


La moralisation de la vie publique, le changement des pratiques du monde politique représentent une attente des citoyens dont vous ne pouvez ignorer la gravité. L’interdiction du cumul des mandats pour les députés, la diminution du nombre des parlementaires, le renforcement de la parité hommes femmes, le changement de loi électorale pour assurer la représentation des grands courants d’opinion, en tout cas de ceux qui atteignent 5 % des suffrages, à l’Assemblée nationale, au sens le plus large la garantie du pluralisme, la consécration de l’indépendance de la justice, le renforcement de l’indépendance des médias, l’assainissement du financement de la vie politique, la lutte contre la corruption et la prise illégale d’intérêts, tout cela est urgent. Les deux partis que vous représentez ont souvent pris des engagements, mais jamais ils ne sont allés plus loin. Je crois que cette moralisation est vitale pour que la confiance revienne entre citoyens et élus. Seule la voie référendaire permettra de les imposer à un monde politique qui n’a guère envie de voir changer les règles d’un jeu qui lui convient.


L’Europe a été durement attaquée pendant cette campagne. On lui a fait porter tour à tour la responsabilité de l’immigration et celle de l’absence de croissance. Je veux vous dire que pour nous, il est impossible d’envisager notre avenir national sans projet européen. L’Europe n’est pas seulement notre horizon : le jour où elle existera vraiment, elle sera notre seule arme politique et économique efficace dans la tourmente mondiale. L’Europe souffre aujourd’hui d’absence de gouvernance, de transparence et de lisibilité. Ce n’est pas avec moins d’Europe que la France s’en sortira ! C’est avec une Europe plus forte, plus solidaire, plus lisible, donc plus communautaire. Dans cette perspective, les renforcements de la zone euro, comme de l'espace Schengen, sont une étape prioritaire.


Des millions de Français partagent ces valeurs et ces préoccupations. Ils seront, je n’en doute pas, attentifs aux orientations qui seront les vôtres sur ces questions durant la campagne du deuxième tour.


Je vous prie de croire à l’assurance de mes sentiments cordiaux."

 

François BAYROU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES REPONSES DE FRANCOIS HOLLANDE ET NICOLAS SARKOZY

 

 

 


LE CHANGEMENT     FRANCOIS HOLLANDE

 

Monsieur François BAYROU, Député des Pyrénées Atlantiques Président du MODEM

 

Paris, le 26 avril 2012

 

Monsieur le Président,

 

La France est à un moment important de son histoire. Les Français ont un choix décisif à faire le 6 mai prochain.

 

C’est dans cette perspective que vous m’avez adressé un courrier qui a retenu toute mon attention et auquel je réponds dans l’esprit de respect des Français que nous partageons.

 

Vous insister sur cinq points

 

1) L’Education nationale.

Je veux rendre à l’Ecole de la République l’ambition et la fierté qui lui ont été retirées depuis 5 ans. Je n’accepte pas que 150 000 jeunes quittent le système éducatif sans formation. Je n’accepte pas que la France soit devenue le pays de l’OCDE avec le plus faible taux d’encadrement en primaire : 5 enseignements pour 100 élèves. Je n’accepte pas que l’école française soit devenue inégalitaire : un tiers des effectifs des RASED ont été supprimés. Je veux concentrer l’effort éducatif sur l’école primaire, là où l’essentiel se joue, revoir les rythmes scolaires, individualiser la prise en charge des enfants en difficulté, redonner une formation initiale aux enseignements et faire de l’enseignement professionnel une voie d’excellence.

 

C’est dans le cadre de ces réformes de fond que s’inscrit le recrutement de 60 000 postes – enseignants, surveillants, infirmières scolaires, conseillers d’orientation – que j’ai proposé sur la durée du quinquennat. Cet effort est indispensable et juste : il représenterait 2 milliards d’euros à la fin du quinquennat ; ce cout équivaut à la dépense fiscale consentie en une seule année au titre de l’allègement de l’impôt sur la fortune. Cet effort st maîtrisé ; j’ai indiqué que la dépense publique ne progresserait que de 1% par an et que le nombre total des fonctionnaires n’augmenterait pas au cours du prochain quinquennat

 

2) Le sérieux budgétaire

Il est le premier moyen pour rétablir l’équilibre de nos comptes publics. En 5 ans, la dette de la France s’est accrue de 600 milliards d’euros et atteint désormais presque 90% du PIB. J’ai pris à cet égard un engagement clair : ramener l’équilibre budgétaire à la fin du quinquennat, en 2017. A cette fin, je ferai voter dès cet été par le Parlement une loi organique sur les finances publiques. C’est pourquoi j’ai proposé une réforme fiscale d’envergure, dont l’objectif est de rétablir l’équité entre citoyens et de rendre à l’Etat les ressources dont il a été privé au bénéfice d’intérêts particuliers

 

Mais ce redressement dans la justice suppose de créer à nouveau de la richesse économique pour préserver notre modèle social, issu des travaux du Conseil National de la Résistance. Un modèle qui participe de notre identité collective et qui reste une perspective d’avenir pour tous les Français

 

3) Le redressement productif

Séparation des activités bancaires, interdiction des produits spéculatifs, mobilisation de l’épargne vers les entreprises, création d’une banque publique d’investissement destinée en particulier aux PME, fiscalité favorisant l’investissement par rapport à la distribution de dividende et modalités en fonction de la taille des entreprises. Tout sera fait pour relancer notre industrie et permettre de produire ne France. Afin de protéger notre industrie de la concurrence déloyale, je propose de conditionner toute aide de l’Etat à la production sur notre territoire et de signer des « contrats de relocalisation » avec les entreprises. En cas de délocalisation sauvage ou de fermeture d’entreprise injustifiée économiquement, les aides éventuellement accordées par l’Etat seront remboursées.

 

Toutes ces dispositions seront rassemblées dans une grande loi de développement économique

 

4) La moralisation politique

Pendant ces cinq dernières années, les Français ont été opposés les uns aux autres. Beaucoup d’entre eux ont été déconcertés puis heurtés par la désinvolture, l’outrance, la brutalité au sommet de l’Etat. Les Français veulent du respect pour chacun et attendent de l’unité pour leur pays. Je suis socialiste et je suis désormais le candidat de toute la gauche à cette élection présidentielle. Je reste fidèle à mes convictions et à mon idéal. Mais je veux aussi rassembler autour de mon projet  les citoyens qui veulent en finir avec les errements d’un quinquennat marqué par les échecs et la division. 

 

Les rémunérations du Président et des ministres seront diminuées de 30%. L’intérêt général prévaudra sur toutes les considérations partisanes , il sera mis fin aux connivences avec les puissances financières de même qu’au favoritisme. La lutte contre la corruption et les conflits d’intérêt sera menée de façon implacable.

 

Sur le plan institutionnel : renforcement de la parité, interdiction cumul des mandats pour les parlementaires, introduction d’une part de proportionnel dans le mode de scrutin pour les élections législatives, consécration de l’indépendance de la justice, fin de la nomination des responsables de l’audiovisuel public par le pouvoir politique. 

 

Cette rénovation de notre vie publique est une nécessité et une urgence. Je ferai voter une grande loi de moralisation de la vie publique par le Parlement. Et s’il y a blocage, je consulterai les Français par voie référendaire. 

 

5) L’Europe

Je suis Européen, je ne sépare pas l’avenir de la France de l’enjeu de la construction Européenne

 

Mais l’Europe doit être réorientée et servir la croissance. Voilà pourquoi je renégocierai le traité budgétaire. Des disciplines sont nécessaires et j’y souscris. Mais je refuse qu’aucune perspective de croissance ne soit offerte aux Européens. Chacun constate que les positions qui nous étaient jusqu’à peu présentées comme figées sont en train d’évoluer. Je m’en félicite. C’est la voix de la sagesse qui s’exprime ainsi.

 

Telles sont les précisions que je souhaitais vous apporter à votre lettre du 25 avril.

 

Je vous prie de croire à l’assurance de mes sentiments cordiaux.   François HOLLANDE 

 

 

 

 

 LA FRANCE FORTE   NICOLAS SARKOZY 

 

Paris, le 27 avril 2012

 

 

Monsieur le Président,

 

Vous avez bien voulu me faire part des préoccupations prioritaires des électeurs qui ont porté leur suffrage sur votre nom dimanche dernier, et je vous en remercie.

 

Dans cette élection historique pour notre pays, le débat a besoin de clarté, et c'est donc bien volontiers que je réponds à vos questions. Les deux projets qui se présentent à la décision des Français sont à ce point différents dans les mesures qu'ils comportent et les valeurs qui les sous-tendent, qu'il est fondamental que chaque Français soit pleinement éclairé avant de faire son choix.

 

Avec un taux de participation de près de 80%, les Français ont prouvé qu'ils étaient parfaitement conscients de l'importance des enjeux de ce scrutin. Avec plus de 30% des suffrages qui se sont portés sur des candidats dits protestataires, ils nous ont adressé un message d'inquiétude face à un monde en plein bouleversement.

 

Au terme de quatre années de crise d'une intensité sans précédent, nos concitoyens se demandent avec lucidité si la France est capable de conserver les grands équilibres de son modèle de société : des services publics de grande qualité, mais qui exigent une gestion rigoureuse des finances publiques ; un régime de protection sociale généreux, mais qui pèse exclusivement sur le coût du travail alors que la compétition internationale devient de plus en plus rude ; une société ouverte et accueillante, mais qui s'interroge sur la préservation de son identité face à des phénomènes migratoires de plus en plus difficiles à maîtriser.

 

Les Français ont exprimé un besoin non pas de murs, mais de frontières : frontières géographiques, pour rester un pays accueillant, mais à un rythme compatible avec nos capacités d'intégration ; frontières culturelles, pour rester une société ouverte, mais qui ne renonce pas aux valeurs essentielles de son identité et de sa cohésion nationale ; frontières économiques, pour participer au libre-échange, mais sans mettre en péril nos emplois ; frontières éthiques, pour réaffirmer quelques règles simples, mais importantes de la vie commune, en particulier les valeurs d'autorité, de responsabilité, de mérite, de travail.

 

Nous avons un mode de vie et une identité. Nous avons des valeurs. Nous avons des racines intellectuelles et philosophiques qui mettent l'homme, la famille, la justice, la civilisation au centre de l'action publique. Au cours des années récentes, une certaine course à la mondialisation, à la libéralisation des échanges, à la financiarisation de l'économie, à la suppression des frontières, y compris par l'Europe, a pu donner le sentiment de reléguer l'humain au second plan. Tel est, je crois, l'inquiétude que ressentent beaucoup de nos compatriotes.  Monsieur François BAYROU Président-fondateur du Mouvement Démocrate

 

Vous évoquez dans votre lettre l'héritage du Conseil National de la Résistance. Comme vous le savez, cette plate-forme politique, née d'une des périodes les plus dramatiques de notre histoire, m'est chère. Elle nous donne une leçon dont la force traverse les âges : une nation qui veut préserver l'essentiel de ses valeurs doit avoir le courage de se réformer.

 

Il fallait avoir le courage de réformer les retraites si nous voulions garder notre système par répartition. Il fallait avoir le courage de réformer l'université si nous voulions rester une grande nation de savoir, de sciences et de pensée. Il fallait avoir le courage de réformer l'hôpital si nous voulions continuer à soigner avec un très haut niveau de qualité sans mettre en péril le financement de l'assurance-maladie. Il fallait avoir le courage de rendre nos administrations plus efficientes si nous voulions garder nos services publics protecteurs tout en retrouvant la maîtrise de nos finances publiques.

 

Comme vous, je reconnais les efforts des Français dans la crise. Comme vous, je ne leur dissimule rien de ce qu'il reste à faire. Mais je veux également leur faire partager ma conviction la plus totale, que notre pays peut s'en sortir, qu'il peut rester une grande puissance industrielle, qu'il a toutes les cartes en main pour rester maître de son destin. Je veux tracer avec les Français un chemin d'effort, de confiance et d'espérance.

 

Si les Français m'accordent leur suffrage, je vous confirme mon intention d'inscrire dans notre Constitution une règle d'or qui empêchera les générations actuelles de s'endetter sur le dos des générations futures. Comme vous le savez, j'ai déjà soumis ce texte au Parlement, mais les résultats du scrutin ne m'ont pas permis de pouvoir convoquer le Congrès à fin d'adoption de cette règle. Cette situation devrait-elle se produire à nouveau après l'élection présidentielle, je soumettrai alors au référendum l'adoption de la règle d'or.

 

J'ai présenté un projet présidentiel appuyé sur un chiffrage extrêmement précis et rigoureux. Il prévoit le retour à l'équilibre des finances publiques en 2016. Ce retour à l'équilibre représente un effort de 115 Md€, auxquels s'ajoutent les mesures que j'ai annoncées durant la campagne, dont le coût s'élève à 9,5 Md€, soit au total 124,5 Md€. Ils seront obtenus pour les deux tiers par un effort de réduction des dépenses publiques et pour un tiers par une augmentation des recettes, sans aucun impôt nouveau sur les ménages. Les économies que j'envisage sont les mêmes que celles que propose la Cour des Comptes, en particulier la réduction des effectifs de fonctionnaires de l'Etat et des collectivités territoriales, à l'exception des enseignants du primaire, la baisse des dépenses de fonctionnement des administrations, la maîtrise de la croissance des dépenses d'assurance-maladie, ou encore le gel des transferts de l'Etat aux collectivités territoriales.

 

Cet effort repose sur une hypothèse de croissance moyenne de 1,7% entre 2012 et 2016, variant de 0,7% en 2012 à 2% entre 2014 et 2016. Je rappelle qu'avant la crise de 2008, la croissance moyenne de la France ces 20 dernières années a été de 2% chaque année. Il s'agit donc d'une hypothèse à la fois crédible et raisonnable. Au demeurant, si la croissance devait être plus faible que prévu, j'ai veillé à ce que le budget de l'Etat comporte une réserve de 6 Md€ par an pour faire face à un tel aléa.

 

Je note que le candidat socialiste, pour sa part, ne propose aucune mesure de réduction des dépenses publiques. Au contraire, il les alourdit, décale à 2017 le retour à l'équilibre, soit une augmentation de 35 Mds€ de la dette publique, et retient une hypothèse de croissance pour financer son programme à partir de 2015 que la France n'a atteinte que 8 fois en 30 ans (2,5%).

 

Au-delà des hypothèses, ce sont tout simplement les résultats que nous avons obtenus au cours de ce quinquennat en matière de dépenses publiques qui crédibilisent sans conteste ma démarche. En 2011,  nous avons ramené le déficit à 5,2% du PIS au lieu des 5,7% prévus à l'origine, réalisant ainsi la plus importante réduction du déficit public depuis 38 ans que la France est en déficit chaque année. La croissance des dépenses publiques en 2011 a été la plus faible depuis 1960. Depuis deux ans, la France respecte également l'ONDAM, ce qu'aucun gouvernement n'avait jamais réussi à faire jusqu'à présent, et tout cela dans un contexte de crise.

 

Je n'opposerai pas la réduction des déficits et la croissance. La France a trop cédé, comme beaucoup de pays en Europe, à la facilité consistant à penser qu'en l'absence de croissance, on pouvait s'abstenir de rembourser les dettes. Ce temps est résolument derrière nous. Ce que j'essaye de faire depuis la crise de 2008, c'est de trouver un chemin juste et raisonnable de redressement des finances publiques, d'une part, de soutien à la croissance, d'autre part, par des réformes de compétitivité et des investissements d'avenir. Cette stratégie a réussi puisque la France a à la fois réduit son déficit et est le seul des grands pays occidentaux qui n'a pas eu un seul trimestre de récession depuis le deuxième trimestre 2009. Toute autre est la situation de pays comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal ou l'Italie, obligés aujourd'hui de faire des efforts drastiques faute de les avoir faits auparavant.

 

Je partage votre préoccupation, la France doit être une grande terre de production. Sur ce sujet, une exigence de vérité s'impose : le déclin de l'emploi industriel français remonte à la crise des années 70. Ce sont 30 années de choix économiques et industriels qui ont paupérisé l'industrie française, qu'il s'agisse du démantèlement au début des années 80 de filières industrielles entières, telles que la sidérurgie, l'industrie automobile ou l'industrie navale, de la retraite à 60 ans en 1983, des 35 heures en 1998, de l'alourdissement constant de la fiscalité sur les entreprises et du coût du travail, de l'insuffisance d'investissements, d'innovation et de recherche ou encore du renoncement à entreprendre

les indispensables réformes.

 

Toutes ces faiblesses ont été une à une corrigées au cours du quinquennat: crédit-impôt-recherche, pôles de compétitivité, suppression de la taxe professionnelle, défiscalisation des heures supplémentaires pour donner du pouvoir d'achat aux salariés sans alourdir le coût du travail, investissements d'avenir, fonds stratégique d'investissement, aide au financement des PME... Les résultats sont là, le déclin de l'emploi industriel est enrayé : en 2011, pour la première fois depuis 30 ans, nous n'avons globalement pas perdu d'emplois industriels.

 

Il faut maintenant aller plus loin. Je propose une stratégie du double effort, c'est-à-dire un effort en France de compétitivité et de qualification, mais aussi un effort en Europe pour mieux protéger l'emploi industriel européen.

 

Si nous voulons restaurer notre tissu industriel tout en préservant notre régime de protection sociale, hérité du Conseil National de la Résistance, il nous faut en modifier le financement. La TVA anti délocalisations permettra de réduire le coût du travail sans compromettre nos régimes sociaux. C'est une ardente nécessité. L'élévation de la qualification des salariés, en particulier des chômeurs, permettra pour sa part de positionner nos produits industriels sur des niveaux de gammes supérieurs tout en répondant à une exigence de justice : l'argent de la formation doit aller à ceux qui en ont besoin.

 

C'est tout l'enjeu de la réforme de la formation professionnelle que je ferai avant la fin de l'année 2012, et dont l'objectif peut se résumer ainsi : « une qualification pour chacun, un emploi pour tous ». Le développement des PME sera également fortement encouragé. En particulier, 20% des marchés publics leurs seront réservés, mesure qui fonctionne remarquablement bien aux Etats-Unis.

 

Parallèlement, dès mon élection, je proposerai à nos partenaires européens la conclusion d'un pacte européen de réciprocité, consistant à faire de la politique commerciale européenne un outil de protection et de développement de l'emploi industriel en Europe. En l'absence de réciprocité, je souhaite que les marchés publics, qui représentent pas moins de 15% du PIS, soient réservés aux entreprises qui produisent en Europe.

 

J'estime que les produits importés qui rentrent en Europe doivent être davantage contrôlés car il n'est pas acceptable que notre agriculture et notre industrie soient fragilisées par des importations qui ne respectent pas nos normes.

 

Enfin, je demanderai que l'Europe soit beaucoup plus active dans la mobilisation de ses instruments de défense commerciale et qu'un point régulier soit fait devant le Conseil européen lui-même : alors que le montant des importations en Europe est légèrement supérieur à celui des Etats-Unis, l'Union européenne n'avait l'année dernière que 135 mesures antidumping en vigueur contre 245 aux Etats Unis.

 

Vous évoquez dans votre courrier la question de la démocratie sociale et proposez que, dans les grandes entreprises, trois représentants des salariés siègent au Conseil d'administration avec droit de vote. Je ne suis pas favorable à cette mesure, même si j'en comprends le sens. J'estime que l'entreprise appartenant aux actionnaires, ceux-ci doivent pouvoir en assumer la direction avec la plénitude des pouvoirs. Je pense qu'une confusion dans les responsabilités ne pourrait que nuire à la confiance.

 

En revanche, je souhaite, comme vous je le crois, restaurer l'esprit de responsabilité qui doit présider à la gestion des entreprises. J'ai été choqué comme tous les Français par les rémunérations exorbitantes de certains dirigeants d'entreprise qui, ce faisant, ont trahi les vraies valeurs de l'entreprenariat français. C'est pourquoi j'ai formulé un certain nombre de propositions relatives à l'encadrement de la rémunération des dirigeants d'entreprise, en particulier la présence de salariés dans les comités des rémunérations. Je considère par ailleurs, vous le savez, que les règles de la répartition de la valeur ajoutée dans les entreprises doivent évoluer dans un sens plus favorable aux salariés. Je proposerai

des évolutions en ce sens si les Français me renouvellent leur confiance.

 

Je partage votre analyse sur ce que vous appelez très justement la «crise de l'éducation ». Ce n'est pas en créant 60 000 postes de fonctionnaires qu'on la résoudra, mais en proposant à la nation un nouveau projet éducatif. Ce sera l'une de mes principales priorités.

 

Ce projet se fondera sur la revalorisation du savoir, de l'effort, et sur la considération que la société tout entière doit aux enseignants. Nous n'accepterons plus qu'un seul écolier sorte de l'école primaire sans savoir lire, écrire et compter. Pour cela, nous nous appuierons sur les programmes de 2008 tels qu'ils ont été recentrés sur les savoirs fondamentaux, ainsi que sur une prise en charge systématique des élèves fragiles, dès les premières difficultés repérées. J'engagerai une profonde réforme du collège, qui doit mieux prendre en compte la diversité des élèves qu'il accueille. Les professeurs, mieux rémunérés, y seront davantage présents en dehors des heures de cours, disponibles pour les élèves et leurs familles. Je souhaite enfin développer massivement l'apprentissage, qui est la meilleure réponse au problème de l'insertion professionnelle des jeunes. Désormais, tous les élèves en dernière année de baccalauréat professionnel ou de CAP passeront 50% de leur temps en entreprise.

 

L'école est à mes yeux le moteur numéro un de la justice sociale. Beaucoup de choses ont été faites en ce sens au cours des cinq dernières années, comme les études dirigées pour les « orphelins de 16 heures», les internats d'excellence ou encore la présence de 30% de boursiers dans chaque classe préparatoire. Mon ambition, je sais que vous la partagez, est que l'école continue sa double mission d'instruction de nos jeunes générations et de concrétisation de l'égalité des chances.

 

En 2007, nous avons entrepris une importante modernisation de nos institutions. Depuis cinq ans, les droits et la démocratie ont progressé dans notre pays. La révision constitutionnelle de 2008 a gravé dans le marbre de la Constitution, à l'initiative des parlementaires centristes, le pluralisme et l'indépendance des médias. Nous avons considérablement étendu les pouvoirs du Parlement. La question prioritaire de constitutionnalité est pour sa part la plus grande réforme en matière de libertés publiques depuis 30 ans. Le CSM n'est plus présidé par le Président de la République et toutes les nominations du parquet sont soumises à son avis. Depuis la réforme de cette institution, le gouvernement a suivi tous les avis du CSM concernant le parquet et je suis prêt à reconnaître cet état de fait dans la Constitution en prévoyant une procédure d'avis conforme.

 

Cette exigence d'exemplarité, je me la suis appliquée en ouvrant la Présidence de la République au contrôle de la Cour des comptes, elle-même présidée par un ancien député de l'opposition. Le budget de la Présidence de la République a été réduit de 20%. La présidence de la Commission des finances de l'Assemblée a également été confiée à un député de l'opposition.

 

Avec le même souci de moralisation de la vie publique, le gouvernement a déposé un projet de loi  s'inspirant des conclusions du rapport que j'avais commandé au Vice-président du Conseil d'Etat, M. Jean-Marc Sauvé, sur la prévention des conflits d'intérêts des membres du gouvernement et des collaborateurs de la Présidence de la République et des cabinets ministériels. Il sera inscrit à l'ordre du jour dans les premières semaines de la prochaine législature. Les mesures qui pouvaient être mises en œuvre sans loi l'ont été.

 

Cela ne nous dispense évidemment pas d'aller plus loin. Je souhaite, d'une part, interdire le cumul d'une fonction ministérielle avec un mandat exécutif local. Je suis d'avis, d'autre part, que le nombre de parlementaires doit être réduit. Je partage, par ailleurs, votre volonté d'introduire une dose de proportionnelle aux élections législatives. Le scrutin majoritaire apporte une stabilité politique en garantissant des majorités franches pour gouverner. Mais il a aussi ses défauts. Personnellement, je ne trouve pas satisfaisant qu'un système électoral exclue de la Représentation Nationale des courants de pensée qui réalisent des scores significatifs à chaque scrutin. C'est pourquoi je suis favorable à une dose de proportionnelle, qui aura en outre pour effet de favoriser la parité.

 

Vous souhaitez que cette moralisation de la vie publique soit soumise au référendum. L'expérience prouve qu'au cours des années récentes, le Parlement a voté de nombreuses lois d'amélioration de l'éthique de notre vie politique. Chacun sait par ailleurs qu'un référendum peut difficilement être organisé sur un trop grand nombre de mesures. Toutefois, et sous cette réserve, s'il venait à y avoir un blocage sur ce sujet, je suis tout à fait disposé à saisir les Français par référendum des propositions que vous avez formulées.

 

Je suis, vous le savez, un Européen convaincu. Tout au long de mon mandat, je me suis engagé de toutes mes forces pour que l'Europe agisse, que ce soit pour réformer ses institutions après l'échec de la Constitution européenne, en exerçant la responsabilité de la Présidence de l'Union européenne dans une période cruciale, ou en faisant face à la crise des dettes souveraines.

 

Lorsque l'explosion de la zone euro menaçait, c'est l'entente franco-allemande qui a permis à l'Europe de surmonter ce danger vital : dans l'urgence, l'Europe a mis en œuvre le principe de solidarité en venant en aide à ceux de ses membres qui étaient menacés et en se dotant d'une véritable force de frappe financière qui protègera les Européens contre la spéculation ; l'Europe a également établi le gouvernement économique qui lui faisait défaut depuis Maastricht.

 

Je soutiendrai de toutes mes forces la mise en œuvre du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de la zone euro, qui était indispensable pour sauver notre monnaie de l'implosion et certains de nos voisins européens de la faillite, et mobiliserai les outils que nous avons créés pour renforcer la zone euro en développant notamment l'harmonisation des législations au service de la croissance et de l'emploi.

 

Mais si les Français sont attachés à la construction européenne, qui a ramené la paix sur notre continent, ma conviction est qu'ils attendent aujourd'hui plus de l'Europe : ils veulent qu'elle soit capable de les protéger. Or, j'ai toujours pensé que l'on sert davantage la cause européenne en cherchant à en corriger les défauts plutôt qu'en refusant de les voir.

 

C'est pourquoi je souhaite que le gouvernement économique de la zone euro, fort du travail d'assainissement des finances publiques des pays qui y adhèrent, engage un dialogue constructif avec la BCE en faveur du soutien de la croissance. De même, comme indiqué ci-dessus, je souhaite que la politique commerciale de l'Union européenne protège davantage l'emploi industriel en Europe. Enfin, je pense que l'Europe doit entreprendre une réforme de l'espace Schengen, non pas pour remettre en cause cet acquis fondamental que constitue la liberté de circulation en Europe, mais au contraire pour ne pas le laisser être menacé par une situation aux frontières extérieures qui deviendrait intenable.

 

Ce n'est pas une petite préoccupation pour nos compatriotes que de se sentir protégés contre les trafics de la criminalité organisée et une pression migratoire non maîtrisée. Les bases sur lesquelles l'espace Schengen a été construit par 5 Etats en 1985 doivent impérativement être renforcées, dès lors que Schengen compte désormais 26 Etats. Je propose donc que Schengen soit doté d'un gouvernement politique, que des outils permettant d'aider les pays concernés à garder la maîtrise des frontières extérieures de l'Europe soient mis en place, et qu'un pays qui, au mépris de ses engagements, ne protègerait pas la partie de la frontière dont il a la charge, puisse être sanctionné ou suspendu. C'est ainsi que, comme vous le souhaitez, nous renforcerons Schengen.

 

Monsieur le Président, à plusieurs reprises au cours de votre campagne, je vous ai entendu parler du peuple. A Dunkerque, vous avez récusé l'usage des mots « populiste » et « populisme » pour qualifier ce qui est l'expression de l'angoisse d'une partie du peuple français de ne plus être entendu, de ne plus être pris en compte. Je me fais un devoir d'entendre la voix de tous les Français et de toutes les Françaises qui se sont exprimés dimanche dernier et de trouver un point d'équilibre qui permette de répondre aux inquiétudes et au besoin d'espérance des uns et des autres dans la situation qui est celle de notre pays aujourd'hui.

 

La France vient de traverser une succession de crises extrêmement graves. Dans un monde et une Europe encore très instables, elle dispose de tous les moyens requis pour s'en sortir à condition de faire résolument le choix de l'assainissement de nos finances et des valeurs du travail et de la responsabilité. C'est pour mettre en œuvre ce projet que j'appelle tous les Français qui mettent l'amour de notre patrie au-dessus de toute considération partisane et de tout intérêt particulier à s'unir et à me rejoindre.

 

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l'assurance de mes sentiments les meilleurs. Nicolas SARKOZY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA REPONSE DES DEUX FINALISTES AU SECOND TOUR DE L’ELECTION

 

Nicolas Sarkozy et François Hollande ont tous deux répondu en adressant chacun un courrier au président du Modem. Tour à tour, ils défendent leur programme, répondent aux propositions de François Bayrou tout en profitant de critiquer leur adversaire direct. L'enjeu de ces échanges : le report au second tour des 9,13% de voix qu'a recueilli le centriste le 22 avril dernier. François Bayrou avait déclaré qu'il attendrait le débat qui opposera Hollande et Sarkozy mercredi 2 mai sur France 2, pour « prendre ses responsabilités » et donner sa consigne de vote pour le second tour.

 

Réduction des déficits

« J'ai présenté un projet présidentiel appuyé sur un chiffrage extrêmement précis et rigoureux, ll prévoit le retour à l'équilibre des finances publiques en 2016 », rappelle le président-candidat de l'UMP dans ce courrier. « Je note que le candidat socialiste, pour sa part, ne propose aucune mesure de réduction des dépenses publiques. Au contraire, il les alourdit, décale à 2017 le retour à l'équilibre », tacle Sarkozy.

François Hollande insiste, lui, sur « le sérieux budgétaire » de son programme, et promet que « tout sera fait pour relancer notre industrie et permettre de produire en France », en réponse au centriste qui a fait de la lutte contre l'endettement un objectif prioritaire et mis en doute la capacité de François Hollande à rétablir les comptes publics.

Le député socialiste, qui souligne qu'en « 5 ans, la dette de la France s'est accrue de 600 milliards d'euros et atteint désormais presque 90% du PIB », promet de « ramener l'équilibre budgétaire à la fin du quinquennat, en 2017 ».

 

Produire en France

Sur le « produire en France », au cœur du projet du patron du MODEM, Nicolas Sarkozy assure partager la préoccupation que la France demeure « une grande terre de production ». « Il faut maintenant aller plus loin », affirme-t-il, évoquant notamment le projet de « TVA anti-délocalisations ».

De son côté, François Hollande affirme que « tout sera fait pour relancer notre industrie et permettre de produire en France », en détaillant les mécanismes devant empêcher les délocalisations. Le tout sera « rassemblé dans une grande loi sur le développement économique ».

 

Moralisation de la vie publique

François Hollande s'engage à moraliser la vie politique pour laquelle M. Bayrou réclame un référendum. « Cette rénovation de notre vie publique est une nécessité et une urgence. Je ferai voter une grande loi de moralisation de la vie publique par le Parlement.

Sur cette question, le président-candidat laisse la porte entrouverte. « Un référendum peut difficilement être organisé sur un trop grand nombre de mesures. « Je partage, par ailleurs, votre volonté d'introduire une dose de proportionnelle aux élections législatives », ajoute le président sortant.

 

 

 

 

 




 

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